Les de KOCK par J. Guillard
Paul de KOCK (Charles Paul de Kock, le père) Henry de KOCK (Paul Henry de Kock, le fils)
par Jacques Guillard, Gournay, le 7 mai 2004
Il y a toujours eu une polémique pour savoir, des deux écrivains populaires du siècle dernier, Paul de KOCK et Henry de KOCK, si c’est le père ou le fils qui a habité Gournay sur Marne
Je crois que l’on peut trancher sans risque en disant que Henry de Kock louait, chaque été, entre 1853 et 1858, la maison où avait habité la famille Carrière, et que son père, qui était veuf depuis 1643, venait passer les beaux jours chez lui.
En effet, Paul de Kock, lui-même, rapporte dans ses mémoires qu’il rendait visite à son fils à Gournay. Il n’avait, par ailleurs, nul besoin d’une location à Gournay sur Marne puisqu’il possédait, depuis 1842, une propriété où il se plaisait beaucoup dans les bois de Romainville.
Guillaume Ballu, un ancien maire de Gournay, affirme que son grand-père, Gustave Nast, y avait souvent rencontré Paul de Kock.
Ce qui est intéressant c’est qu’ils aient été tous deux d’esprit un peu « Gournaysien » et que chacun ait décrit ce petit village dans : « Paul et son chien » pour le père et « les Mystères du Village » pour le fils. Ces deux livres montrent qu’ils ont beaucoup aimé notre village.
Paul de Kock, le père : l’écrivain le plus célèbre des deux fut sans conteste Paul, le père. Né à Passy en 1794 et mort à Paris en 1871.
A 14 ans il fut placé par sa mère chez un banquier. C’est là qu’il commença à écrire son premier livre, terminé en 1814. Le titre « L’enfant de ma femme » scandalisa tellement son patron qu’il lui donna congé sur-le-champ.
Son deuxième, « Madame de Valnoir », mis en scène dans une pièce de vaudeville jouée à L’Ambigu-Comique fut un triomphe, C’est le départ d’une grande notoriété, qui dura jusqu’à ce que la maladie l’atteigne en 1867.
Il fut très prolifique ; son œuvre est estimée à plus de 200 volumes, 50 pièces de théâtre plus les chansons dont la célèbre »Madame Arthur ».
Le jour de la parution d’un de ses romans, dit un chroniqueur de l’époque, c’était une véritable émeute dans les librairies.
A l’étranger il jouit également rapidement d’une vogue incontestée et ses œuvres complètes seront traduites dans toutes les langues.
Dans l’Illustration du 8 septembre 1871, Jules Claret raconte : « Le Pape avait dans sa bibliothèque personnelle les œuvres de Paul de Kock, reliées aux armes de St Pierre, et aimait lire, pour se distraire, les livres de ce gai parisien. »
On raconte que, au cours d’une visite que Chateaubriand faisait au Vatican en tant qu’ambassadeur du Roi, après le protocole d’usage, le pape Grégoire XVI le prit à part pour lui demander des nouvelles » de son cher fils Paolo di Kocko. ». Châteaubriant l’aimait beaucoup, un jour dans le salon de Madame Récamier, il déclara : « J’aime Paul de Kock, avec lui on rit et on espère. »
Le roi Louis-Philippe l’appréciait aussi, et de temps en temps, envoyait une caisse de ses ouvrages à la Reine Victoria.
Certains lui reprochent un style un peu faible et des types de personnages par trop similaires mais la constance de son succès montre combien il a su trouver le moyen d’être toujours amusant et suffisamment nouveau pour ne pas lasser l’attention.
Un critique littéraire disait « Ses personnages vivent, marchent parlent et rient, photographiés dans notre société par un esprit d’observation d’une puissance énorme. »
Certaines de ses œuvres présentent un véritable intérêt littéraire, et on y trouve des mots venus du fond du cœur, et des situations empruntées aux plus simples incidents de la vie ordinaire et racontées avec émotion.
Parmi ses meilleures œuvres, il faut citer : « Georgette », « Gustave ou le mauvais garçon », Mon voisin Raymond », « La laitière de Montfermeil », « La pucelle de Belleville », « André le Savoyard » et enfin « La grande ville », illustrée par Daumier et Gavarni, dans laquelle ils unissent tous trois leur talent pour décrire la vie du petit monde parisien.
Henry de Kock, son fils, né à Paris en 1819 et mort à Limeil en 1892, est doué, comme son père, d’une grande facilité d’écriture. Il va également faire carrière, peut être avec un peu moins de succès, avec au moins 80 ouvrages publiés recensés.
N’aurait-il écrit qu’un livre, il me semble que celui intitulé « Les mystères du village », méritait à lui seul de le faire passer à la postérité. Avec un zeste d’esprit de clocher, ce livre décrit Gournay sur Marne vers 1856, d’une façon pittoresque et vivante. On y retrouve ce don d’observation des petites gens souvent critique mais toujours empreint d’affection qui caractérise l’œuvre de son père.
Il nous présente un Gournay que nous n’avons pas connu, avec ses fêtes, ses noces villageoises, ses lavandières rieuses, volontiers grivoises quand passent les conducteurs de trains de bois flottants sur la Marne… Et nous faisons connaissance avec le berger guérisseur, les immenses troupeaux de mouton passant sur la place pour se rendre à la foire de Bobigny, le gardien du péage, le garde champêtre, l’aubergiste, la fermière, les ragots… Enfin les histoires de mauvais garçon, (il y en avait à cette époque ! ), les amourettes et les tromperies… .Tout cela si bien conté que l’on a l’impression d’y vivre.
Comme pour Eugène Carrière la postérité n’a pas été tendre avec Paul et Henry de Kock, mais sait-on jamais, Eugène a bien été remis à l’honneur ces dernières années, pourquoi l’œuvre de nos deux compères ne seraient-elles redécouvertes, dans notre bonne ville de Gournay ?
Société Historique de Gournay, Champs, noisy
Jacques GUILLARD
Gournay, le 7 mai 2004